Article d'Artzamendi : "Gigantesque projet éolien en mer au Tréport (Normandie) : la naturalité et la wilderness sacrifiées"
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L’AFP nous l’apprenait le 15 septembre 2012, « le gouvernement va lancer d'ici à la fin décembre un nouvel appel d'offres pour la construction et l'exploitation de deux parcs d'éoliennes en mer, au large du Tréport (Seine-Maritime) et de Noirmoutier (Vendée) » : http://www.paris-normandie.fr/actu/le-treport-ayrault-relance-le-projet-du-parc-deoliennes-offshore
Du reste, en conclusion de la Conférence environnementale qui s’est tenue les 14 et 15 septembre à Paris, le Premier ministre a confirmé ces deux projets : http://www.drakkaronline.com/article129811.html
Il s’agit en fait de la réactivation d’un projet farouchement combattu par le maire du Tréport et par les marins pêcheurs, mais soutenus par l’ensemble des forces politiques, y compris les écologistes politiques. Ce projet était présenté en 2010 comme le plus important au monde, puisqu’il s’agirait de fixer en mer, grâce à des centaines de milliers de tonnes de béton, 140 turbines de 150 mètres de hauteur. L’emprise du projet sur la mer serait de 75 kilomètres carrés !
Une des questions les moins soulevées est celle de la perte de territoires jusque là peu ou pas touchés par l’emprise humaine. Quoi de plus sauvage, de moins aménagé, en effet, aujourd’hui que l’Océan ?
Dans un entretien donné au quotidien Le Monde, le 08 septembre 2010, Pascal Cribier, paysagiste originaire de Normandie, résumait bien cet enjeu oublié et néanmoins essentiel :
Le Monde : "Qu'est-ce que ce paysage a de particulier ?"
Pascal Cribier : "C'est un paysage puissant, né d'une économie et d'une agriculture très fortes, avec des champs et des forêts magnifiques, des éléments urbains épargnés par l'étalement. Sur la côte, ce décor façonné par l'homme s'arrête d'un coup pour s'ouvrir sur le vide. Les falaises créent une rupture totale entre une campagne très productive et l'horizon, l'infini, ce qui reste de vraie nature : une richesse gratuite et qui appartient à tous. Nul autre endroit n'offre une rupture aussi belle, aussi spectaculaire, sans être balnéaire. C'est ce que vont détruire les éoliennes."
bienvenuechezlestreportais.over-blog.com/
Source EPAW : http://www.epaw.org/multimedia.php?lang=fr&article=news5
L’EPAW (European Platform against Windfarms) est la Plateforme européenne contre l’éolien industriel.
La constatation de Pascal Cribier rejoint celles mises en lumière par la chercheuse Kira Gee (GKSS Research Centre, Max-Planck-Str. 1, DE-21502 Geesthacht, Germany), dans un article très intéressant publié en 2010 dans la revue internationale Land Use Policy : « Offshore windpower development as affected by seascape values on German North Sea cost », volume 27, issue 2, april 2010, pages 185–194.
Une étude des perceptions qu’ont les habitants de territoires d’Allemagne du Nord sur le paysage marin, a permis à Kira Gee de noter une grande différence entre les représentations des populations et celles des décideurs. Quand les habitants voient la mer, l’Océan comme un lieu naturel, voire spirituel, les seconds ne pensent qu’au développement, encouragés en ce sens par les plans d’expansion de l’énergie éolienne concoctés par l’Union européenne.
Cette perception est-elle confinée à l’Allemagne où le sentiment de nature sauvage est jugé fort ? Ce conflit de représentations se vérifiera-t-il en France ? Et pourquoi donc les écologistes, les naturalistes, les associations de protection de la nature défendent-ils de moins en moins le caractère sauvage de nos côtes ?
Lien : http://www.rocks.org.hk/activity2009/Perception.pdf
Pour se rendre compte du gigantisme éolien :
http://www.meretmarine.com/fr/content/sur-le-chantier-de-la-plus-grande-eolienne-offshore-du-monde
Stéphan Carbonnaux